Maroc en mouvement !

Publié le par Amine

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Le vent de la révolution a soufflé sur le Maroc, mais comme a l’accoutumé de ce pays si complexe et compliqué au point d’être anecdotique… le « dynamisme révolutionnaire » ne fait guère l’unanimité.

 

Un Maroc Partagé :

Les anti-réformes, anti-mouvement : ceux pour qui le Maroc est le plus beau pays du monde, ou au minimum en voie de l’être, paisiblement et surement… ce sont ceux à qui le « cafouillage » politique et social profite, discrédités rapidement après que le roi s’est lui-même rendu à l’évidence poignante que le Maroc a besoin d’être profondément reformé voire rebâti.

 

Les pro-réformes, anti-mouvement : le changement est incontournable certes, mais ce n’est pas en descendant dans les rues qu’il se fera … le groupuscule qui mène ce mouvement de protestation populaire n’est guère représentatif du peuple car « inapte » intellectuellement, « suspect » politiquement et « corrompu » moralement … les propositions royales sont prometteuses et il est question de se montrer patient et retenu… le changement devra commencer par soi-même et nul besoin de toujours faire porter le chapeau aux autres … tout ce brou-ha-ha n’est que reproduction naïve et déplacée de la « mode » des révolutions arabes … complot d’un intervenant tierce … tout autant d’arguments qui valent à cette catégorie son qualificatif d’anti 20 février.

 

Les pro-réformes, pro-mouvement : convaincus que la pression populaire est l’unique garant de l’acquisition … non … l’arrachement des droits, car ceux-ci s’arrachent désormais, l’état ayant eu des décennies sans être bousculée, pour les offrir de plein gré et faire preuve de sa bonne foi disent-ils. Ce sont des gens qui se mobilisent, s’activent, descendent dans les rues, manifestent et scandent, se déclarant l’avant-garde du processus évolutif au Maroc.

 

Entre ceux-ci et ceux-là, existent bien entendu les variantes de chaque catégorie, les borderline, les humeurs changeantes mais également et surtout, la catégorie ayant le plus de représentativité populaire : les sans avis … monsieur tout le monde, qui n’a d’ambition ultime que son petit monde dont il est le nombril, ne tolérant les enjeux de la période actuelle que s’ils se répercutent directement et rapidement sur son vécu quotidien, celui-ci ne produit pas de révolution plus qu’il n’en consomme, à la télé, sur facebook, au coin de la rue et dans les cafés, lançant a tort et a travers des jugements sommaires, sans vrai fondement que sa propre humeur.

 

La première grande question est : y a-t-il objet à changement dans ce pays ? Car comme on l'a dit, les avis la dessus divergent également … démocratie en herbe offrant a ses citoyens un minimum de dignité et d’opportunités d’émancipation ? Ou dictature Makhzénienne dont le quotidien du citoyen est le dernier de ses soucis ??

 

Le Maroc … socialement :

Laissons de coté toute vision parcellaire, émotive ou subjective pour un diagnostic honnête : Que valent les secteurs vitaux de la société au Maroc ?

Notre pays occupe la 114eme place sur 169 pays à l’indice de développement humain avec une évolution positive d’une place entre 2005 et 2010 (source : rapport PNUD 2010). Notre pays ne devance ainsi sur les pays arabes que le Yémen, la Mauritanie et le Soudan.

Il est à rappeler que cet indice (IDH) combine 3 paramètres : Santé (eau potable, hygiène, alimentation, soins médicaux, logement), Education (alphabétisme, durée de scolarisation) et niveau de vie du citoyen (PIB par habitant, pouvoir d’achat).

L’alphabétisation des sujets adultes reste un exemple très démonstratif : 58,2% (source : UNESCO, Avril 2009), le Maroc cette fois-ci bon dernier de tous les pays arabes.

 

Le Maroc … politiquement :

En peinant toujours à rester objectif … voici le classement établi en vue de considérer les pays en quatre types de régimes : démocratie, démocratie imparfaite, régime hybride, régime autoritaire : le Maroc pointe – encore une fois – à la 116eme place sur 167, relégué à la quatrième catégorie.

Rappelons là aussi qu’il s’agit d’un indice complexe, combinant 60 critères dont : processus électoral, libertés civiles, fonctionnement du gouvernement, système judiciaire, culture politique… (Source : Revue britannique The Economist, rapport 2010).

 

Le grand paradoxe :

La vilaine ambiguïté ne cesse de tourmenter l’esprit au vue de ces chiffres accablants, je sens que ca vous met mal à l’aise vous aussi … Mais bon sang, le Maroc ne fait guère ses 114eme et 116eme places ! Nous ne semblons quand même pas aussi délabrés et précaires que nos voisins de la liste du PNUD ! Guinée, Swaziland, Cambodge ... regardez donc nos cartes postales !

La raison en est simple, notre état investit dans tout, sauf ce qui impacte véritablement le vécu du citoyen marocain, car non rentable.

Que vaut un port de plaisance et un aménagement de corniche quand 85% des marocains n’ont pas de couverture sociale? N’est-il pas écœurant de se soucier de la capacité litière hôtelière pour en mettre plein la vue à nos invités venus d’outre-mer, alors que le malade marocain s’échoue tranquillement sur les couloirs froids d’hôpitaux infestés ? L’invité lui, c’est de la devise en retour alors que le concitoyen n’est qu’argent perdue.

Le sens des priorités est bafoué dans ce pays … la bourgeoisie ne se souci que peu du sort de la populace … et l’oligarchie des dirigeants, eternels hypocrites, alterne main de fer et langue de bois pour perpétuer cette stabilité injuste.

 

Que du négatif ?

N’y a-t-il donc rien de louable dans ce pays ? Cela serait indélicat de nier au système Marocain ses quelques avancées sociales et surtout politiques : L’arrivée de joueurs politiques autrefois bannis mais en prenant le soin de bien leurs tracer le terrain de jeu, un désir déclaré de rompre avec les « années de plomb » et de rétablir l’équité et la réconciliation à condition de ne jamais  nommer les bourreaux, l’accalmie entre le régime et des opposants pour la plupart apprivoisés, des élections ou l’état est furtivement passé de la manipulation active à la passivité manipulatrice … est-ce finalement la voie de la démocratisation à petit pas, ou bien des amortisseurs de choc qui tiédiront toute aspiration vorace à l’état de droit ? L’heure n’est pas au jugement des intentions car de toutes les manières, c’est le constat qui nous importe, et celui-ci est bien médiocre.

 

 

Publié dans Maroc révolution

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